Bali Les Enchaines

Deux visions s’affrontent dans l’imaginaire occidental à propos de Bali. Pour certains, c’est le tourisme de masse, les boîtes de nuit, les plages à surfeurs et la prostitution. Pour d’autres, ce sont les paysages somptueux, les temples, la méditation et la quête de spiritualité.

Ces deux univers cohabitent d’ailleurs étrangement dès la descente de l’avion. Entre les boutiques à touristes, les salons de massage et les bars branchés, les divinités hindoues sont présentes à chaque coin de rue. Partout, des statues grimaçantes, des paniers à offrandes et des encens capiteux. Mais l’histoire qui nous intéresse est au-delà de tous ces contrastes. Elle se déroule à plusieurs heures de route de la capitale, Denpasar. Au coeur des jungles et des rizières. Là où des malades mentaux vivent prisonniers dans des cages, enchaînés ou le pied immobilisé dans de lourdes entraves de bois.

Très vite, nous laissons la ville derrière nous. La route se transforme en piste et les essaims de mobylettes cèdent la place aux charrettes à mesure que nous nous enfonçons dans les terres. Pour cette première expédition dans les villages isolés, le docteur Suryani et son fils Yaya ont tenu à nous accompagner. Les familles des enchaînés ne se laissent pas approcher facilement. Sur la route, nous avons le temps de regarder quelques clichés des malades mentaux que nous allons rencontrer. Difficile de ne pas ressentir un profond malaise à la vue du sort qui leur est réservé.

Notre première rencontre avec la folie a lieu au détour d’une clairière, après une lente marche à travers la jungle. La chaleur est étouffante. Plus de 44°. Pas un souffle de vent. Devant nous : une ferme misérable, un cochon, quelques poulets… Dans cette région oubliée par le développement touristique, les paysans ont bien du mal à survivre. La misère, l’endettement, la pression des usuriers les étranglent toujours un peu plus. Stress et dépression sont monnaie courante dans les campagnes balinaises.

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Aujourd’hui, alors que le reportage est terminé, nous apprenons que le gouverneur de Bali a décidé de couper tous les fonds alloués au docteur Suryani et à son équipe. La sentence est tombée en janvier dernier. Les autorités de l’île n’apprécient guère l’image de ces malades en captivité. Elle contraste trop avec une autre image, celle de l’île du paradis, l’île des lunes de miel qui est vendue dans les brochures touristiques. Du coup, la psychiatre nous a confié qu’elle aura bien du mal à renouveler son stock de médicaments pour aider « les enchaînés ».

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